Renaud Sermondade, président du congrès Polepharma Industrie du Futur les 15 et 16 novembre 2023

Le congrès Polepharma Industrie du Futur est le rendez-vous annuel des acteurs de la Transformation Technologique de l’Industrie Pharmaceutique. Il se tiendra, les 15 et 16 novembre, à l’Hôtel d’Agglomération de Chartres, et abordera le thème du “numérique sécurisé et (éco) responsable des entreprises pharmaceutiques.”

Renaud sermondade, VP and General manager EMEA Prescription Division chez Aptar Pharma préside la nouvelle édition du congrès Polepharma Industrie du Futur. VP Opérations Industrielles Polepharma.

Il répond a une interview avec Sylvie Latieule dans le prochain numéro d’industrie Pharma.

Industrie Pharma : Le cluster Polepharma prépare la 6e édition de son congrès Industrie du futur dont vous allez assurer la présidence. En quoi est-ce un rendez-vous important pour la filière du médicament ?

Renaud Sermondade : Cette série de congrès, proposée par le cluster Polepharma, a pour objectif de s’intéresser au futur de notre activité et des nouveaux moyens à notre disposition pour optimiser nos capacités de production en France. Aujourd’hui nous évoluons dans un contexte où la pharma cherche à rétablir une forme de souveraineté de sa production. Mais cela ne pourra se faire qu’en garantissant la compétitivité de la filière. Dans ce cadre, nous regardons les leviers que l’on pourrait utiliser. Bien entendu, il y a toujours les leviers historiques d’optimisation, comme le lean manufacturing. Mais une fois encore, nous avons choisi de nous intéresser à la digitalisation et ce qu’elle peut
apporter pour garantir la compétitivité des industriels qui produisent en France, en prenant un angle « data ». Ainsi, nous allons essayer de raconter une histoire autour de quatre grands thèmes : comment on collecte les données en vue de les utiliser pour optimiser la production, comment on les stocke, comment on les utilise et comment on les protège.

Pourquoi faut-il encore évangéliser sur ce sujet de la digitalisation ?

R.S. : Je ferai deux commentaires. D’une part avec l’arrivée de technologies telles que l’intelligence artificielle ou ChatGPT, on assiste à un développement accéléré des applications possibles liées aux données, ce que l’on appelle les use case. Ainsi, pendant ce congrès, on se propose de « prendre par la main » les participants et de leur expliquer les premières étapes à suivre s’ils souhaitent entrer dans la digitalisation. D’autre part, on constate qu’il y a de vrais enjeux de filières. Il est très compliqué de travailler seul sur la digitalisation car se pose la question de l’interopérabilité et du partage des données entre les acteurs de la filière, à différentes étapes de la chaîne du médicament. C’est en travaillant sur la connexion de ces données que l’on arrive à créer plus de valeur. Certains acteurs, comme les grands laboratoires pharmaceutiques ont certes acquis une certaine maturité sur le sujet. En revanche, pour les sociétés de la filière de plus petite taille il y a encore du chemin à parcourir.

De par votre expérience au sein du groupe Aptar, qui est spécialisé dans la production de systèmes pour dispositifs médicaux, est-ce que la gestion de la data est un sujet central ?

R.S. : Il y a beaucoup d’applications possibles. À titre d’illustration, je choisirai le management de l’énergie. C’est un cas d’application particulièrement intéressant pour des questions de respect de l’environnement et de compétitivité en raison de l’augmentation du coût de l’énergie. Et bien chez Aptar, grâce à la mise en place de capteurs qui ont permis une optimisation de la consommation énergétique, nous avons réussi à diviser par deux nos factures tout en doublant nos capacités de production. La digitalisation est aussi un enjeu clé pour le pilotage de la maintenance dans les sites de production. Quand on parle de digitalisation, on pense souvent à l’entrée de l’IA dans le drug discovery et la conduite des essais cliniques qui constituent le cœur de métier des laboratoires pharmaceutiques. Cependant, l’utilisation de ces outils, au niveau de la fabrication, crée au moins autant d’opportunités pour le soutien de la filière en France. D’ailleurs, grâce à la robotisation et à digitalisation, on réussit parfois à avoir des coûts de production plus compétitifs que certains pays asiatiques dont la Chine ce qui pourrait soutenir les efforts de relocalisation souhaités par le gouvernement pour garantir la continuité d’approvisionnement.

Pourquoi vous intéressez-vous au stockage de la data, lors de ce congrès ?

La filière pharma produit des volumes de data qui croissent de façon exponentielle car de plus en plus de procédés sont tracés. Aussi, il lui faut s’assurer que l’écosystème de stockage des données existe et qu’il est écoresponsable. Car dans le domaine de la pharma, la réglementation crée des contraintes spécifiques qui doivent être travaillées. La plupart de nos données dont certaines critiques doivent être conservées sur des durées variables. Il faut s’assurer que nos partenaires sont en mesure d’assurer ces stockages en fonction de nos besoins. Le sujet de l’écoresponsabilité de la data est aussi très important car la pharma est engagée sur le chemin de la zéro émission nette. Aussi, alors que l’usage de la data est en train de se développer et qu’il faut construire des écosystèmes adaptés, cela se fait dans un cadre d’écoresponsabilité.

Est-ce que l’on ne produirait pas trop de données, qui ne seraient finalement pas utilisées ?

R.S. : Beaucoup sont tombés, au départ, dans cet écueil qui a consisté à collecter un maximum de données pour ensuite s’interroger sur la façon dont ils pourraient les utiliser. En réalité, il est plus efficace d’identifier des cas d’usage, puis de collecter et traiter des données en fonction des besoins. Et d’avancer ainsi au fur et à mesure en multipliant ces applications possibles. C’est une méthode agile dont on va parler et qui conduit à de la création de valeur.

 Vous allez enfin aborder le thème de la cybersécurité. Qui aura-t-il de nouveau ?

R.S. : On sait que les cyberattaques se multiplient. Lorsque l’on augmente le volume de données, les échanges ou les connexions à distance, on augmente les risques. Notre objectif serait de pouvoir motiver des industriels à partager leur expérience de cyberattaques pour mieux prévenir, informer et anticiper les bonnes pratiques. Cela reste un sujet très sensible auquel il faut continuer à s’intéresser car il crée de la vulnérabilité pour nos outils de production.
                          
 
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